mardi 31 mars 2009

MARS 2009

Acéphale



Découverte du mois, par dérivation hypertexte depuis Telepathe, de ce regroupement (pas vraiment un label ?) d'artistes assez différents les uns des autres, et quand même l'audace de ce titre repris au groupe crée par Georges Bataille autour d'un culte secret d'un corps sans tête ou plus précisément d'un corps avec un orifice supplémentaire situé au sommet du crâne. Ce qui réunit ces groupes, une influence certaines des années 80 versant synthétique et une façon de redistribuer les influences et des courants musicaux alors opposés, totalement ignorants les uns des autres ainsi qu’une façon de se fantasmer une patrie commune dans le ciel du nord de l’Angleterre.



La vedette, pour moi, de ce collectif spirituel : SALEM, (sur
Merok Records) duo de jeunes femmes masquées qui pratiquent une sorte de hip hop très sombre, gothique ("doom hop" ?), ralenti, même pas subaquatique (comme l'aquacrunk de Rustie ou Flying Lotus ) mais vraiment souterrain et chtonien. Pas du tout planant et élégant comme le vieux trip hop pratiqué par Burial. Une sorte d'équivalent électro de Sisters of Mercy ou Dead Can Dance. Un hip hop disloqué, un chant soul vaporeux, hérité du RnB américain (pour les rythmiques et l'attitude). Une production au fond très simple et même cheap : des vieilles boites à rythmes bancales, des nappes de synthés venues de films de John Carpenter, mais des mélodies lyriques et mélodramatiques comme le meilleurs My Bloody valentine ou Cocteau Twins.



Leurs pochettes et images portent une vision très noire/Lynchienne et outrageusement lacrymale, d'une Amérique profonde (voir le clip "dirt" très inspiré du film Sombre de Grandrieux). Le cadavre du hip hop (frost) et du gangsta rap (iamsheet) est étalé là et légué à la science des ces bidouilleuses électro.





Etrange destin géographique de la new-wave anglaise du début des années 80 (Cure, Joy Division, 4AD) majoritairement issue du Velvet Underground, de Television et du Krautrock (soit des américains alors très minoritaire ou d'Europe centrale) qui revient actuellement aux USA mais dans le giron d'une culture hip hop/noir, saturée de signes et hypermédiatisée qui devient désormais underground chez les blancs qui ont été nourri de Wu Tang Clan et de Snoop Dogg, etc ... J'aime ce "sang impur qui irrigue les sillons" de la pop mondialisée et ces allers retours cycliques mais imprévisibles entre USA et Angleterre. En attendant le voir comment les anglais vont recycler le grunge des années 90 (cf. 4 or 5 Magicians) ou comment les américains vont recycler le son de Madchester (Fool’s gold, The Laughing Light Of Plenty, Lemonade)





Memory Cassette, autre groupe du collectif Acéphale, proche de Telepathe pour le son synthétique vaporeux et sombre , mais aux inspirations plus folk et pastorales, variant selon les titres entre des mélodies psychédéliques orientalisantes à la My Bloody Valentine (« listen to the vacuum »), une production soul et funk à la manière de Italians do It Better (« Ghost in the Boombox »), du glam électro de Goldfrapp noyé dans la réverb et les violons synthétiques (« asleep at a party ») ou laissant imaginer des Cocteau Twins en vacances à Ibiza en 1988 (« surfin' »). Une démarche qui évoque un certain âge d'or mythique associé aux années 80, une sorte de luxe artificiel et lisse mais très profond, radieux et désertique, comme dans Moins que Zéro de Bret Easton Ellis.





CFCF , Des canadiens pratiquant un funk robotique et élégant venus des 80's qui flirte avec l'italo-disco, tendance molle et Balearic house hypnotique. Comme l'avais fait Chromatics (avec « running up that hill ») CFCF utilisent la mélodie de Kate Bush pour leur "You hear colours" avec le même son ouaté, hivernal et synthétique. Plus joyeux et insouciant, l'instrumental « The explorers » léger comme un générique de série TV des années 80, une mélodie parfaite qui tourne sans fin sur elle-même. « Raining patterns » plus triste et plat (le rythme et la production) pourrait être une musique d'attente téléphonique, alors que « Sogni Rossi » dévoile leur coté plus industriel et européen (Ultravox, Visage)

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