mardi 26 mai 2009

Ryan Gander par Basquiat

Gander, deuxième post, et il en mérite plus, mais bon ... Retour cette fois-ci sur la vidéo montrée à GB Agency, simple et modeste comme toujours avec lui (pas projetée en grand pour la vendre plus cher) mais aussi très complexe dans son écriture et riche dans ses enjeux. Le film s'appelle : Basquiat or I can't dance to it, one day but not now, one day i will but that wil be it, but you won't know and that will be it (2008) et dure 5 minutes.




Encore une fois Gander mélange les niveaux d'information et perturbe la hiérarchie des actes créateurs d'un film. La voix-off est en fait un commentaire de type communiqué de presse de galerie sur le film lui-même. Texte rédigé par le comédien qui y figure, comédien qui est un galeriste : Niru Ratnam. La voix-off est superposée à l'image, ce qui fait qu'on ne sait pas si l'image illustre un texte (comme quand un personnage lit une lettre dans les films), ou au contraire, si le texte vocalise les pensées du personnage au moment où il fait du vélo.


Ce galeriste-comédien joue le personnage de Basquiat tel que recrée par Julian Schnabel dans le biopic hollywoodien de 1996. Ce film est lui-même une sorte d'auto portrait de Schnabel au travers de la figure de Basquiat. Gander démultiplie ce jeu de masques et d'emprunts d'identités, ou d'identités sous-couches, infiltrées et contaminées. Le film imbrique des boucles (roues de vélo qui évoquent celles du fauteuil roulant de Gander, circuit de la promenade à vélo dans le parc, film en boucle sur le DVD) et des temporalités, car en faisant un vague remake de "Basquiat le film", il en propose aussi une lecture (reading = writing), la voix off critique le film et évoque des remarques de crtiques de cinéma d'alors qui ont relevé cette transparence du personnage de Basquiat laissant voir Schnabel au travers. Les causes et les effets sont repliées sur eux-même et indiscernables.


Je n'ai pas revu la balade a vélo du film d'origine mais j'imagine que cela doit être encore plus vertigineux. Sont imbriquées citations, documents de recherche, commentaires et remake. On ne sait plus d'où émerge la voix de l'auteur Gander, dissoute et voilée par ses multiples corps antérieurs qui la transmettent. Gander lui-même devient un des acteurs-transmetteurs d'une parole plus ancienne mais sans nom : ni Basquiat ni Schnabel. Ce film devient alors une fable, une énigme de Sphinx.

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