mardi 27 septembre 2016

Le théâtre pictural de Roger Brown



Roger Brown (1941-1997) presque totalement inconnu de ce coté de l'Atlantique est une figure importante de la scène des Chicago Imagists déjà évoquée ici ainsi que dans le paysage artistique Californien. L'article wikipédia est très riche et précis en informations sur sa formation, ses influences diverses ainsi que son activité de collectionneur avide à travers laquelle il a rempli de nombreuses maison-atelier-musée très attachés au territoire provincial et multi-ethnique américain. Il a développé un univers visuel assez distinct et identifiable, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus (ce qui se fixe en une image canonique) mais plutot les arborescences à partir de ce tronc si c'en est un. 




Tout d'abord, j'aime et ai été saisi par sa théâtralisation de l'image picturale, qu'on peut relier à Klee ou aux Teatrini des années 60 de Lucio Fontana. Il théâtralise la représentation par les bords et dans l'image même qui ouvre sur des jeux d'éclairage et de modelé très Fernand Léger/publicitaire. Cela ouvre ensuite à des paysages stylisés assez pulp où cohabitent divers échelles très contrastées, surtout des humains minuscules et non singularisés/des figures non psychologiques.




Roger Brown, Untitled, série des Theater, 1968

Lucio Fontana, concetto spaziale, teatrino, 1960s (peinture à l'eau sur toile, bois laqué) 103.5 x 84.2cm


Cutting the rug, 1969

Untitled, Theater, 1968



Viewing the Auroral Drapery, 1971, Oil on canvas

Qui ouvre ensuite sur du motif, textile, tribal indien ou décoratif tout en étant encore de la figuration à minima. Ca figure sur les bords mais pas au milieu. On trouve ensuite une registre du portrait populaire, de la pancarte publicitaire africaine qui s'accompagne de slogans et textes/typos peintes qui fusionnent certains moments dans des paysages totémiques sexualisés. Graphes, symboles, motifs, paysage et figures cohabitent dans une forme syncrétique comme s'il avait construit sa propre mythologie et tribu primitive, sans doute ce qu'il a cherché à faire au fil des ans. A être un peuple lui-même, élaborant une écriture plastique et stylistique du rapport à l'autre, aux style des autres...


Atop Stone Mountain, 1972

Weather map 1971


Arrangement in Blue and Gry, The Artist and His Friend Fishing 1985


Crosswinds 1983


Burned Hills May / October 1997


Aha! Heterosexuals Fuck Too, 1991

Alan-Artner, Contortionist of Irony, 1993


The Writing in the Sky 1985
Tourist trap, 1974

Post Modern Res-erection with observation deck, 1984

A Tree I Saw in Sunderland, 1980 sérigraphie


Mais ce que j'aime surtout ce sont les œuvres tardives et la série des Virtual Still Lifes, presque des mausolées ou autels personnels où le tableau devient objet et s'accompagne de céramiques qu'il collectionnait. L'oeuvre faite/peinte fusionne avec son environnement de vie et ainsi tout converge dans une œuvre qui thésaurise. Il déborde et contamine le cadre, l'espace autour de la peinture, travaille la cicatrisation entre l'oeuvre et le monde, fait culture (voir ses lignes de champs et de semences tressées) sous des cieux inquiets (voir le lien depuis sa page Wikipédia vers La Conchita et l'image de glissement de terrain qui évoque fortement ses peintures) mais chargés. On peut voir son influence chez John Bankston, Melissa Brown (un lien ?), Christian Hidaka ou Hyesoo You.




3 vues de l'intérieure de la Conchita, ci dessus avec un beau Barbara Rossi

Roger Brown


Hancock Building, 1974

Jack Knife, 1973

Dr. Imperial's Tree of Knowledge, oil on canvas with neon

Foothill Footstool, 1975 oil on found object


Pronghorn Diorama, 1987








Diverses Oeuvres de la série des Virtual Still-Lifes


et un dernier choix-triptique de détails qui montrent son rapport à l'échelle humaine, au paysage et à l'objet, qui dit une condition actuelle de nos vies par l'interpénétration de ces 3 catégories (portrait, paysage, nature morte), vies parmi les objets sur la scène sans limites d'un théâtre métaphysique à la De Chirico






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